PRÉSIDENTE D'HONNEUR

Mme Laurence Deonna

Reporter-écrivain
Prix Unesco 1987 de l'Éducation pour la paix

L’APDH tient à rendre hommage à Laurence Deonna qui s’en est allée, ou plutôt a décidé, en toute conscience et courage comme d’habitude, de nous quitter en août 2023. Laurence Deonna, c’est bien sûr la grand-reporter qui pendant des décennies a trainé sa plume, ses carnets, son enregistreur et son appareil-photo dans de nombreux pays en guerre, sous dictature ou autre déni démocratique.

Elle en a rapporté de nombreux articles de journaux, mais également de nombreuses photos magnifiques avec, à chaque fois, une grande connaissance des enjeux politiques, mais avant tout une envie de faire parler et poser les gens, de nous faire partager la beauté envers et contre tout, l’humanité envers et contre tout, sans oublier ses clins d’œil impertinents et son humour.

Elle était Genevoise du monde. Elle a raconté et écrit son amour infini pour la beauté de Saana, aujourd’hui l’ombre d’elle-même, sa rencontre avec une poétesse voilée, la Syrie à laquelle elle a consacré un livre, l’Iran, la prison d’Évin dans laquelle elle a réussi à pénétrer.

Laurence Deonna, étrange mélange de rationalité et de sensibilité extrême, d’excentricité et de bon sens, de douleur et de gaieté, a consacré une énergie folle à la cause des femmes, ici et ailleurs. Pas étonnant dès lors qu’elle soutienne l’APDH et sa directrice dès le début. Qu’elle suive pas à pas l’évolution de cette association et accepte avec joie d’en devenir la présidente d’honneur. Elle a même pensé à léguer une somme à cette association dont les buts lui tiennent à cœur.

L’APDH a tenu à faire participer plusieurs usagères lors de la présentation de son film au cinéma le City à Genève, elle était ravie et émue de l’émotion des nombreuses participantes syriennes, afghanes, iraniennes, venues voir le film en compagnie de Mme Brigitte MANTILLERI son amie de toujours, un film consacré à sa vie : Laurence Deonna, libre jusqu’au bout ! Elles ont pu lui dire qu’elles avaient été très touchées par sa vision, par sa connaissance de leur réalité, de ces conflits qui n’en finissent pas et qui les ont contraintes à l’exil.

Maintenant, comment ne pas penser à elle et à La Guerre à deux voix (1986), livre pour lequel elle a reçu le Prix Unesco pour la paix, plus que jamais d’actualité. Partout encore des hommes déclenchent et sèment la guerre et des femmes doivent faire avec. Elle écrit : « Si j’ai voulu donner la parole aux femmes, c’est à cause de leurs silences. Parce qu’en général, elles encaissent et se taisent. Plusieurs d’entre elles se sont d’ailleurs étonnées : « Pourquoi moi ? Je n’ai pas d’intérêt ! » Comme si leur petite histoire n’avait pas sa place dans l’Histoire ! »

Dans ce livre, elle fait parler des Égyptiennes et des Israéliennes, des années après la guerre et montre la similarité des pertes et des douleurs…inutiles.

Que dire de ce qui se passe aujourd’hui dans le monde ! Heureusement, notre amie, elle, repose enfin en paix.